Oui, il l’est. Il est faux de prétendre que Vénérable Guéshé Kelsang Gyatso n’est pas un vrai Guéshé, mais un faux Guéshé ou un Guéshé autoproclamé. Guéshé, littéralement « ami vertueux », est un titre donné à ceux qui terminent avec succès un programme d’études prescrit, généralement dans un monastère Gélougpa. Dans un récit de sa vie, Guéshé Kelsang explique :

Ma situation réelle est qu’au Tibet, j’ai étudié la formation de Guéshé pendant de nombreuses années dans mon monastère local appelé Jampa Ling et à l’université de Tashi Lhunpo, et j’ai passé deux examens. L’un des examens consistait à mémoriser et l’autre était l’examen proprement dit. Peu après, les gens m’ont publiquement appelé « Guéshé ». Plus tard, au Tibet, j’ai rejoint le monastère de Sera-Djé et j’ai continué à étudier la formation de Guéshé. En Inde, j’ai surtout mis l’accent sur les retraites de méditation. Alors que je vivais dans une haute montagne appelée Dalhousie, j’ai reçu une lettre du monastère de Sera-Djé. Cette lettre m’encourageait à me rendre à Sera pour passer un examen. Comme j’avais entendu dire que la méthode ou le système d’examen avait été recréé, je n’ai pas accepté ce nouveau système. Cependant, en 1973, j’ai eu ma cérémonie de Guéshé au monastère de Sera-Djé, j’ai fait de nombreuses offrandes à des milliers de moines et j’ai reçu un khatag (écharpe blanche) traditionnel spécial pour indiquer que j’étais un Guéshé. En général, il n’est pas nécessaire d’être reconnu par le Dalaï Lama pour devenir un véritable Guéshé. Avant les Dalaï Lamas, de nombreux véritables Guéshé purs sont apparus, tels que Guéshé Potowa, Guéshé Jayulwa, Guéshé Langri Tangpa, Guéshé Sharawa, Guéshé Chekawa, etc. Ces Guéshé kadampas n’ont aucun lien avec le Dalaï Lama. Je n’ai aucun lien avec le Dalaï Lama, mais je continue à croire que je suis un Guéshé. Veuillez remettre une copie de ces informations aux personnes qui en font la demande. Je vous remercie.

Dans le colophon de la prière de longue vie de Guéshé Kelsang écrite par Kyabdjé Tridjang Rinpotché, le guide spirituel de Guéshé Kelsang et le précepteur du Dalaï Lama, il dit :

Cette courte prière pour la longue vie du Tsangpa Guéshé, Kelsang Gyatso, de Sera-Djé, qui est doté d’un grand savoir et d’une conduite pure et immaculée, a été composée par Yongdzin Tridjang Dorjetchang à la demande de la communauté du Centre Mandjoushri, en Angleterre.

Dans l’Avant propos du livre de Guéshé Kelsang Trésor de contemplation, Tridjang Rinpotché dit également :

Le grand maître spirituel et enseignant d’excellence Kelsang Gyatso a étudié une multitude d’écritures bouddhistes au célèbre collège Djé de la grande université monastique de Séra, Tègtchèn Ling. Il a mis en pratique la signification des enseignements reçus, devenant ainsi un enseignant riche de sagesse, de sérieux et de réalisations.

Dans l’avant propos du livre de Guéshé Kelsang, Claire lumière de félicité, Yongdzin Ling Rinpoché déclare :

Je suis très heureux d’apprendre que Vénérable Guéshé Kelsang Gyatso a dispensé des enseignements très complets sur le mantra secret, basés sur les grands traités du Protecteur Mandjoushri, Djé Tsongkhapa et d’autres commentaires authentiques sur le Mahamoudra, y compris le texte racine du premier Pantchèn Lama.

Yongdzin Ling Rinpoché et Vajradhara Tridjang Rinpotché sont tous deux des détenteurs de la lignée de la tradition Gélougpa et sont largement vénérés par tous les lamas Gélougpa contemporains. Dans sa préface à l’ouvrage de Guéshé Kelsang, Bouddhisme dans la tradition tibétaine, publié par Routledge and Kegan Paul en 1984, le 14e Dalaï Lama s’adresse à Geshe Kelsang Gyatso par son titre exact :

Très souvent, les personnes intéressées par l’étude du bouddhisme tibétain en sont dissuadées parce qu’elles ne trouvent pas toujours de livres écrits d’une manière qu’elles puissent suivre facilement. C’est particulièrement vrai pour les personnes qui doivent passer la majeure partie de leur vie à gagner leur vie, ce qui leur laisse peu de temps pour quoi que ce soit d’autre. En même temps, notre mode de vie actuel ne contribue pas à résoudre nos problèmes et, en fait, la seule manière sensée de vivre une vie moins tendue semble être de développer nos capacités mentales et spirituelles. Je suis donc heureux que Guéshé Kelsang Gyatso ait tenté de présenter les enseignements fondamentaux du Seigneur Bouddha d’une manière que les gens peuvent comprendre et mettre en pratique dans leur vie quotidienne. Je tiens à remercier le traducteur et les éditeurs pour leurs efforts. S.S. le Dalaï Lama (Sceau)

Historique du processus d’attribution du titre de Guéshé

Bien que Vénérable Guéshé Kelsang Gyatso ait terminé ses études formelles à la fin des années 1950, il n’a été invité à passer son examen de Guéshé qu’au début des années 1970. Cela peut s’expliquer par le fait que Séra n’a établi une base permanente en Inde qu’en 1971, à Bylakuppe, Mysore (pendant les 12 années précédentes, la plupart des moines se trouvaient dans un camp de réfugiés à Buxa Duar, au Bengale). De manière plus directe, il convient également de noter que :

(Avant 1959), chaque collège Guéloug ne délivrait le diplôme de Guéshé Tsogrampa qu’à deux candidats par an. Il y avait un énorme retard dans le nombre de candidats et beaucoup devaient attendre un grand nombre d’années (avant de recevoir le diplôme de Guéshé).

Plus tard, lorsque les monastères ont été rétablis en exil dans les années 1960 et au début des années 1970, des changements ont été apportés pour permettre la délivrance de nombreux diplômes de Guéshé chaque année. En outre, la méthode ou le système d’examen a été modifié. Auparavant, l’« examen » du programme Séra Djé de 1959 (que Vénérable. Guéshé-la a suivi) n’était proposé qu’à deux moines sélectionnés par an et exigeait d’eux qu’ils :

présentent un débat formel contre un Guéshé Shartsé devant l’assemblée générale de Gandèn et y faire une offrande de Guéshé (dge-bshes gtong-sgo) à tous les moines.

Par la suite, en Inde, ce système a été modifié, à un moment donné dans les années 1960/début des années 1970, pour exiger que :

(le moine doit) passer chaque année un examen écrit (bri-rgyugs), un examen de composition de poèmes (rtsom-bri) et un examen sur la culture tibétaine et l’histoire religieuse (rgyal-rabs chos-byung).

Ces changements postérieurs à 1959 semblent être ce que Vénérable Guéshé Kelsang « n’a pas accepté ». Cependant, bien qu’il n’ait pas accepté le nouveau système, son invitation de Séra est restée et, en 1973, il a fait une « offrande de Guéshé (dge-bshes gtong-sgo) » à tous les moines de Séra, dont le but, selon le système d’avant 1960, est sans ambiguïté. En résumé, Guéshé Kelsang a terminé ses études (avant 1960) dans le cadre d’un système qui, à l’époque, l’aurait placé dans une « longue attente de plusieurs années » pour recevoir officiellement la qualification de Guéshé. Au cours des dix années suivantes, cependant, des changements ont été apportés pour supprimer la limite de deux titres de Guéshé par an et pour modifier le contenu du programme d’études de Guéshé. Guéshé Kelsang n’a pas accepté les examens du nouveau programme. Malgré cela, l’invitation de Séra a été maintenue et la cérémonie officielle d’offrande de Guéshé (dge-bshes gtong-sgo) s’est déroulée en 1973. Les points ci-dessus, ainsi que l’utilisation courante par ses contemporains et enseignants du titre « Guéshé » lorsqu’ils s’adressent à lui, établissent clairement le contexte et l’arrière-plan de la déclaration de Vénérable Guéshé-la sur sa « situation réelle ». En plus des enseignants mentionnés ci-dessus qui s’adressent à Guéshé Kelsang par son titre correct, dans son autobiographie de 2012, « Comme un rêve éveillé» («Like a Waking Dream» en anglais), Guéshé Lhundub Sopa se réfère également à Guéshé Kelsang en tant que Guéshé. En réponse à une demande de deux enseignants tibétains pour un nouveau centre dans le New Jersey (page 271) :

J’ai essayé de sélectionner deux de mes meilleurs élèves et j’ai choisi Khensur Losang Tenzin et Guéshé Kelsang Gyatso.

Guéshé Sopa était le professeur de philosophie de Guéshé Kelsang et de beaucoup de ses contemporains au monastère de Séra, y compris Lama Yéshé. Il était également l’un des principaux examinateurs pour les examens de Guéshé. Guéshé Sopa et Guéshé Kelsang sont restés proches jusqu’à leur mort. Le fait que Lama Yéshé, fondateur de la FPMT et enseignant de Lama Zopa, n’ait jamais reçu son diplôme de Guéshé par choix, bien qu’il ait suivi la formation de Guéshé, est peut-être également pertinent ici. Il a expliqué que c’était parce qu’il estimait qu’il n’était pas nécessaire d’avoir le certificat. Cependant, cela ne lui a jamais été reproché. On l’a même entendu plaisanter sur le fait qu’il ne voulait pas être appelé « Guéshé Yéshé ». Les informations et les citations concernant le processus de qualification des guéshé sont extraites du document suivant : The Gelug Monastic Education System by Tsenshap Serkong Rinpoche (en anglais). Lire également: Vénérable Guéshé-la a-t-il été expulsé de son monastère?